Alençon, rendez-vous amoureux sur la route des vacances

Première étape de mon remake Mange, Prie, Aime Visiter Alençon.

Une chanson à l’eau de rose

Les bourgeons, rosis par le printemps, s’égouttent tendrement de leur rosée du matin. J’arrive à Alençon, sur la pointe des pieds, comme lorsque l’on surprend deux oisillons à s’éplumer les ailes dans l’eau d’une fontaine. Sagement et sans faire de bruit, on arrête notre marche et l’on regarde la scène, attendri.e ; les yeux comme des billes, ronds et brillants. Un moment inattendu, rien que pour nous.

Alençon, la délicate attention

Eh bien, visiter Alençon, c’est un peu ça. On s’y arrête souvent par hasard, en quête d’un bon resto sur la route des vacances. Et, finalement, on en repart avec de grands trésors dans les valises. Alençon, c’est l’insoupçonnée délicatesse qui se distille dans la ville, et même parfois quelques histoires d’amour…

Au-dessus d’un magnolia en fleur, une fenêtre ouverte chantonne un air d’Ella Fitzgerald et de Louis Armstrong, Dream A Little Dream Of Me. Une mamie y vient épousseter sa nappe par-dessus la balustrade et je l’imagine dans son salon, le pas chaloupé, l’air encanaillé, rejoindre son bien-aimé. Mon épopée alençonnaise promet d’ores et déjà de jolies envolées !

Sommaire Visiter Alençon

Destination Normandie

Pour être honnête, je n’aurais jamais pensé m’arrêter ici. Au cœur de l’Orne, à une soixantaine de km du Mans, trône : Alençon. La friponne passerait presque inaperçue au milieu des paysages asphaltés ! Il faut dire que la ville n’agite en moi aucun désir fou ni folie douce ; rien. Et pourtant. Rien est souvent promesse de quelque chose. Quoi ? Un rendez-vous secret, parfait pour noircir ma page blanche. Alençon, me voilà !


Enquête et romance, ou l’art du détail

Que faire à Alençon ce week-end ?

Ancienne cité des Ducs et fief natal de Sainte Thérèse de Lisieux, elle se développe à l’époque (XIᵉ siècle) autour du Château des Ducs qui, jusque très récemment, était encore une prison (2010). Érigé d’abord en bois par les seigneurs de Bellême, il gagne en grandeur avec Pierre II d’Alençon qui, au XIVᵉ siècle, en fait l’un des plus vastes et importants châteaux de Normandie. Deux siècles plus tard, Henri IV ordonne son démantèlement. Je monte tout en haut de la Tour, telle une Raiponce hypnotisée, et contemple la ronde des nuages. Sur le bleu du ciel, j’entends presque le bruit de leur fuite. Cotonneux ; comme une barbe à papa que l’on effiloche à la main… Ils défilent ; comme mes pensées. Méditatif…

Comment visiter Alençon ?

J’entre par des passages secrets, sous les voûtes en pierre, et découvre des cours datant du Moyen-Âge : Hébert et Cochon de Vaubougon. Immersif ! Je m’engouffre dans le centre-ville et repère les remarquables hôtels particuliers, les placettes fleuries… et le quartier Saint-Léonard, véritable scène de l’époque féodale. Il a, en effet, conservé ses venelles et ses maisons à pans de bois et en granit. Télécharger le plan touristique d’Alençon (carte).

J’y retrouve là-bas les plus anciennes demeures d’Alençon. Des blasons persistent au-dessus de certaines portes : les familles gravaient leurs armoiries. Martelées ou enduites, elles ont aujourd’hui disparu. Une question reste en suspens : au n°123 Grande Rue, une clé gravée dans le bois de la façade questionne la qualité des lieux jadis. Était-ce une auberge ou bien une serrurerie ?

Le cœur historique, le quartier Saint-Léonard & le château des Ducs

La Bibliothèque des Jésuites

Musarder la tête en l’air, voilà comment se visite la ville. Une enseigne suspendue, une statue cachée, un balcon en fer forgé… Et puis, parfois, le splendide vous passe sous le nez. « Fermée pour rénovation ». La bibliothèque, ancienne église du collège des Jésuites, se refait une beauté. À l’intérieur, une enfilade de boiseries en chêne orne la salle de lecture. L’on entendrait presque les pages se tourner délicatement des 728 manuscrits (137 médiévaux parmi lesquels un évangéliaire du IXᵉ siècle et 26 incunables – datant d’avant 1501, le début de l’imprimerie). Je laisse mon esprit gambader du côté du dessin-animé La Belle et la Bête (les vrais auront la réf.), sillonner les rangées de livres vitesse grand V et farfouiller, en plissant des yeux, les allées…

À l’abri de la poussière, on trouve un petit trésor : la version originale, et non censurée, des Fleurs du Mal, de Charles Baudelaire himself. Pourquoi ici ? Car le seul éditeur assez fou pour oser publier l’ouvrage était alençonnais, Auguste Poulet-Malassis (Oserais-je dire qu’il avait un nom à coucher dehors, à dormir debout ? C’est tout pour moi, merci public.). Ma quête du beau, du délicat et du petit détail continue.

Informations pratiques | Bibliothèque des Jésuites 
  • Où : rue du Collège
  • Quand : du mardi au samedi.

Le pont des amours

Tout commence par une rencontre. Sur le pont de Sarthe, une histoire d’amour est sur le point d’éclore. Un beau jour de 1858, Zélie Guérin, jeune dentellière, croise Louis Martin, horloger. Au même moment, elle entend la Vierge Marie lui dire : « c’est lui que j’ai préparé pour toi ». Un coup de foudre, et 3 mois plus tard, les voilà mariés à l’église Notre-Dame – à minuit pile. S’ensuivront 19 années d’amour et 5 filles, dont Sainte Thérèse de Lisieux, la Sainte la plus connue à travers le monde. Ils seront canonisés en 2015. Ce qui fait 3 saints dans une famille, fait rarissime ! Pourquoi ont-ils été sanctifiés ? Pour Zélie et Louis, ce fut grâce à leur dévotion aux autres, à Dieu « servi en premier », à leur famille et à leur amour inconditionnel.

Thérèse, quant à elle, a écrit un best-seller, Histoire d’une âme, véritable théologie, qu’on appellera celle de la « petite voie ». Tiré à 500 millions d’exemplaires, c’est un des livres le plus vendu au monde, derrière la Bible, Le Petit Livre rouge (1 milliard d’exemplaires) de Mao, et le Coran (800 millions). Histoire d’une âme a, dès sa parution, une grande influence spirituelle. De nombreuses personnes (dont certaines béatifiées à ce jour) ont déclaré avoir été transformées par la lecture de Thérèse de Lisieux. Traduit en plus de 50 langues, il a aussi fait l’objet de plusieurs adaptations au théâtre et au cinéma. En 1989, il reçoit un prix de l’Académie française.

La maison natale de Thérèse

L’histoire de la famille se poursuit avec la visite de la maison natale de Thérèse, rue Saint Blaise. Un musée raconte leur vie. J’ai été émue d’y trouver leurs alliances entrelacées, des souvenirs d’enfance, des jouets, un châle de mariée… En pénétrant dans la demeure, je m’immerge complètement dans le quotidien des Martin. J’entre dans leur cuisine. Les casseroles pendouillent la tête en bas, le portrait de famille embrasse un pan de mur, une table ourlée d’une nappe rouge et d’un liseré doré patiente, immobile, jusqu’au retour de ses propriétaires. J’ai vraiment l’impression d’être une invitée qui serait venue 1 heure trop tôt. Il n’y a personne. Pas encore. Tout est resté en pause, comme s’ils étaient partis en balade et que d’une seconde à l’autre, ils reviendraient. Des livres, des lettres, un journal ouvert…

En haut de l’escalier, la petite Thérèse appelle sa maman à chacune des marches, attendant un « oui » de sa part, pour pouvoir descendre la rejoindre ! Ensuite, un passage unique mène aux chambres et à la chapelle attenante. Et là, il existe une chose bien curieuse. Imaginez-vous, la chambre conjugale / un mur / la chapelle. Sauf que ce mur est transparent ! C’est-à-dire que, lorsque vous êtes dans la petite église, vous voyez à travers la vitre, la chambre conjugale (et vice versa). Je n’ai jamais vu ça nulle part et j’ai, ma foi (haha), bien aimé le concept. Après tout, ne sont-ils pas devenus Saints parce qu’ils se sont aimés ? Je vous laisse la surprise de la découvrir par vous-même !

Informations pratiques | Maison natale de Thérèse 
  • Où : 50, rue Saint Blaise
  • Quand : lun. (de juin à sept), du mar. au sam. et le dim. après-midi.
  • Horaires : voir sur le site

La basilique Notre-Dame

Un chef-d’œuvre architectural. De son porche gothique flamboyant, on entrevoit toute la délicatesse du monde. L’enchevêtrement des ouvertures, des sculptures… De la dentelle de pierre façonne la basilique ; elle qui se dresse fièrement sur la place de la Magdeleine depuis plus de six siècles maintenant. Sa construction débute lors la Guerre de Cent Ans et prend fin au XIXᵉ siècle. À voir dans l’enceinte : l’orgue, les vitraux et la robe de baptême de Thérèse. En effet, Notre-Dame a vu s’unir Louis et Zélie Martin, le 13 juillet 1858, le baptême de Thérèse, deux jours après sa naissance, le 4 janvier 1873, mais aussi les obsèques de Zélie, en 1877. Inscrite aux Monuments Historiques, l’église sera élevée au rang de basilique, en 2009, par le Pape Benoît XVI.

Enfin, pour les férus d’anecdotes, la place de la Magdeleine est construite sur un ancien cimetière où des milliers d’ossements reposent encore sous nos pieds. Et chose plutôt insolite, sur le portail gothique de la basilique, Saint-Jean est représenté nous tournant le dos. Plutôt atypique ! Allez demander à l’Office de Tourisme d’Alençon, ils ont la réponse au pourquoi du comment ! D’ailleurs, ils sont situés tout à côté, à la Maison d’Ozé. Cet immense logis porte le nom de son ancien propriétaire, François, de son doux prénom. On murmure que le futur roi Henri IV y aurait séjourné…

Quelle est la différence entre église et basilique ?

Cathédrale, basilique, chapelle, abbatiale, prieurale, collégiale… toutes sont des églises dédiées à la célébration du culte. En revanche, la basilique est une église bien particulière : elle obtient son titre uniquement par décision du Pape parce qu’elle est construite sur le tombeau d’un Saint, en contient les reliques, et/ou parce que le lieu fait l’objet d’un pèlerinage.

La dentelle du point d’Alençon

Fraises, jabots, coiffes, robes, voiles de mariées… Toute la noblesse et le haut-clergé se parent de dentelle au point de Venise, la star du XVII siècle. Mais en 1650, Marthe de la Perrière invente, avec ses jeunes apprenties, la dentelle au point d’Alençon. En 1665, Colbert décide d’y établir une Manufacture Royale et fait de ce point une référence en la matière, interdisant toute importation de dentelles étrangères. À la première Exposition Universelle à Londres, en 1851, le point d’Alençon sera reconnu “reine des dentelles ”.

Un secret longtemps gardé par les sœurs de la Providence d’Alençon. Il perdure de nos jours grâce à l’École de Dentelle. Il faut près de 10 ans pour maîtriser cet art d’une extrême finesse, exclusivement réalisé à la main. En effet, aucune machine n’arrive à le reproduire. Imaginez… 7 à 15 heures sont nécessaires pour concevoir l’équivalent d’un timbre-poste ! D’ailleurs, ce savoir-faire unique est inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, depuis 2010. Son histoire, sa technicité ainsi que ses étapes de fabrication sont présentées au Musée des Beaux Arts et de la Dentelle.

Informations pratiques | Musée des Beaux-arts et de la Dentelle 
  • Où : Cour Carrée de la Dentelle
  • Tarifs : 4€/pers. Le musée est gratuit chaque 1er dimanche.
  • Horaires : voir sur le site

Le marché, la halle au blé & les boutiques

Rendez-vous au marché du centre-ville, place Magdeleine, les jeudis et samedis, de 8h à 13h. Puis, flânez dans les boutiques des petits créateurs du coin. Coup de pour l’atelier Polamaya, un concept store réunissant de talentueux créateurs et artisans (vêtements, bijoux, accessoires) d’ici et d’ailleurs + un artiste tatoueur @polo_shinken. Poussez ensuite la porte de la bijouterie Camus et découvrez le célèbre et unique diamant d’Alençon (quartz fumé). Enfin, admirer la belle rotonde, la Halle au Blé, coiffée d’une verrière circulaire à couper le souffle.

Village à visiter autour d’Alençon

Saint-Céneri-le-Gérei

C’est le plus beau village de l’Orne et des Alpes Mancelles. Mon petit crush. Une invitation à séjourner chez Blanche-Neige et les sept nains ! Au loin, un pont en pierre se dore la pilule sous un magnolia en fleurs. Le vent se lève et danse avec quelques pétales rose poudré. Le soleil joue les équilibristes avec la pluie, et, d’un coup, les nuages sont de la partie. Le compte est bon, tous les éléments sont en ma compagnie. Sous ma capuche, j’entends perler les gouttes de pluie, le ruissellement s’égrener dans la terre. Bercée par l’eau, je me dirige vers une chapelle posée sur son tapis d’herbes.

La Chapelle Saint-Céneri

Quel calme olympien. Imaginez une vaste prairie ponctuée de pissenlits et de boutons d’or, embrassée par des collines et surmontée par des arbres, de part en part. Ressourçant. La porte s’ouvre… Une pierre est couchée sur le sol. On raconte qu’elle était la couche de l’Hermite Saint-Céneri, le fondateur du village et de la chapelle. Au-dessus, sa statuette accrochée au mur. Son piédestal est recouvert d’épingles. Pourquoi ? Les jeunes femmes qui souhaitent se marier piquent une aiguille au pied de la statue. Si elle reste plantée, le vœu est exaucé dans l’année… Pour tester, un coussin d’aiguilles est à disposition. Plus qu’à choisir ! À côté, sur la table en bois, une rose rouge est mise sous cloche, ce qui me fait directement penser à celle dans La Belle et la Bête. (Oui, mes références sont exclusivement du Disney.)

L’Auberge des sœurs Moisy

Ce Plus Beau Village de France a inspiré de très nombreux peintres dès la fin du XIXᵉ siècle. Ils logeaient tous dans l’Auberge des sœurs Moisy (ça ne s’invente pas) et s’amusaient à peindre sur les murs. Je suis montée à l’étage et y ai découvert son intrigante “salle des décapités”. Des dizaines de bustes peints, façon ombres chinoises, décorent la pièce. Insolite ! Tendez l’oreille, vous entendrez leurs éclats de rire, les verres se remplir et les murs, joyeusement, se noircir.

La galerie d’Amélie Romet

À visiter dans les environs d’Alençon : la galerie d’Amélie Romet, une artiste peintre du village. Une odeur de cigarette tapisse les toiles immobiles, des pinceaux s’égouttent sur le rebord de l’évier, un chat ronronne sur le fauteuil… Parcourir l’atelier d’Amélie, c’est rencontrer un univers graphique et une personnalité atypique. J’aurais pu rester des heures à parler de l’art et de la vie avec elle, découvrir ses peintures et remarquer que son style change, tout le temps. Elle peint des animaux, des paysages, des scènes de vie, du figuratif, mais aussi de l’abstrait. « Je veux peindre la paix et la joie », me dit-elle, le sourire en coin.

« Peindre, c’est converser avec moi-même. Parfois, lorsque je n’y arrive plus, je regarde ma toile dans un miroir ; pour changer de point de vue. » 

Informations pratiques | Se promener autour d’Alençon 

Saint-Céneri-le-Gérei : si vous voulez vous garantir un effet “WAOUH”, arrivez à Saint-Céneri par la RD56. Vous aurez une très belle vue sur l’église et sur les jolies maisons construites au pied du pont en pierre qui traverse la Sarthe. Pour en savoir plus sur l’histoire et les légendes.

La galerie d’Amelie Romet : Le cormier, Saint-Céneri-le-Gérei, France

FAQ

  • La Basilique Notre-dame et la place de la Magdeleine d’Alençon
  • Château des Ducs d’Alençon
  • Musee des Beaux-arts et de la Dentelle.
  • Maison Natale de Sainte Thérèse
  • Office de Tourisme d’Alencon
  • Halle au Blé
  • Musée du vélo
  • Château de Médavy
  • Parc des Promenades
  • Quartier Saint-Léonard d’Alençon
  • Verger pédagogique de la capitale de l’Orne
  • Jardin expérimental d’Alençon
  • Le long de la Sarthe sur le parcours de la Fuie des Vignes
  • Chasse aux trésors dans Alençon avec l’application LegendR
  • Arboretum d’Alençon

Je remercie chaleureusement l’Office de Tourisme d’Alençon et le Sanctuaire. Pensée toute particulière pour Marie-Claire, Fanny et Dorine. Vous avez su ensoleiller mon séjour ! Reportage réalisé dans le cadre de ma mission « Mange, Prie, Aime » avec Villes Sanctuaires en France.

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