Road trip en Cornouailles du Nord

Des falaises abruptes ponctuées de criques sauvages et recouvertes d’un manteau de bruyère… Pas de doute, vous voilà en Cornouailles du Nord. Prêt pour un p’tit road trip au pays de Pendragon ?! C’est parti mon kiki. S’engouffre alors dans vos narines un air iodé, un vent vivifiant et une bruine fourbe. Rajoutez à cela un soupçon de poussière de fée. La légende du roi Arthur plane au-dessus de vos têtes… Je vais vous conter notre expédition so cornish. Voici notre road trip en Cornouailles du Nord parsemé de conseils pratiques !

Visiter les Cornouailles d’Angleterre

Avec mes parents, on est partis en road trip d’une semaine dans les Cornouailles anglaises, en partant de Plymouth (dans le Devon) en remontant vers l’ouest. Avec plus de 900 km au compteur, nous avons pu voir les grands incontournables de la région (même s’il fallait faire des choix…)

Une expédition qui vous permettra d’explorer :

  • les plus belles côtes du littoral cornouaillais,
  • de magnifiques jardins anglais (et japonais),
  • une ancienne prison,
  • la vie secrète des paons.

Pour ce road trip, nous sommes partis à bord de notre voiture française (avec la traversée en ferry) mais vous pouvez aussi louer une voiture sur place. Pas de camping pour nous, mais plutôt nuit en hébergement. Nous n’avions rien réservé avant de partir. Nous bookions notre logement en fin d’après-midi, vers 18h, pour le soir-même. Ceci offre une grande liberté : « restons-nous dans cette ville ou allons-nous voir si l’herbe est plus verte ailleurs ? » J’aime bien voyager comme ça. Pour vos déplacements, je vous déconseillerai le van ou le camping-car, les routes de campagne sont vraiment, vraiment, vraiment étroites (et magnifiques). Vraiment. Et ça serait dommage de ne faire que de l’autoroute…

La feuille de route

Voici notre itinéraire d’une semaine dans les Cornouailles, jour par jour. Cliquez sur les différentes journées, pour atteindre directement le jour désiré. J’ai séparé le Sud (Jour 1 à 4) du Nord (Jour 5 à 7) des Cornouailles, en deux articles distincts.

Plutôt Cornouailles du Sud ? Cliquez ici pour découvrir le début de nos aventures cornouaillaises ! 

QUE VOIR EN CORNOUAILLES DU NORD EN 1 SEMAINE ?

Fond de carte tiré depuis visitcornwall.com
Vous voulez lire le récit des jours précédents ? Cliquez ici et découvrez les Cornouailles du Sud ! 

JOUR 5 | de Senenn Cove à Newquay

63km – 1h13 de route

SENNEN COVE

De Sennen Cove, nous ne connaissons finalement que les environs de notre appartement. Voici la vue avec laquelle je me suis réveillée. Pfouah mais quelle vue ! Il pleuviote, le vent s’entortille dans mes cheveux. Mes poumons se gonflent d’air marin et mes yeux captent le turquoise profond de la mer. Je me sens bien, un sentiment de liberté m’envahit. Un petit tour par la case petit déjeuner s’impose maintenant. Après mon saumon fumé, mes pancakes dorés et mes œufs pochés, je suis d’attaque ! Direction l’ancienne mine de la région.

MINE D’ÉTAIN DE GEEVOR 

Victory Shaft (puits de mine)

Les équipements des secouristes
L’entrée des tunnels sous-terrains – visite guidée en anglais

Premier point de rendez-vous aujourd’hui : Geevor Tin Mine. Il est 10h et le temps fait grise mine (vous l’avez ?). Au loin, derrière les fleurs printanières, se dresse le géant d’acier : le Victory Shaft (le principal puits de mine). La mine d’étain de Geevor témoigne de l’importance des minerais en Cornouailles. Sous l’Empire, la région était championne en matière d’extraction d’étain et de cuivre. Une époque désormais révolue avec la fermeture de la dernière mine d’étain (Geevor, justement), en 1990. Aujourd’hui, seules quelques cheminées de pierre, disséminées parmi les landes herbeuses de la côte, attestent de ce passé minier (on découvrira à quoi elles servaient dans le prochain point d’intérêt « Carn Galver »).

On enfile notre plus beau casque jaune, tels trois petits minions mineurs, parés pour explorer Geevor. Totalement préservée, la mine est aujourd’hui remastérisée en musée grandeur nature. On y découvre d’anciennes machines, des photographies, des équipements de travail (blouse, gants, réchauds, etc.) et de nombreux bâtiments (infirmerie, fabrication d’outils, usine de tri, bureau des syndicats, etc.). Cette fidèle reconstitution permet de découvrir comment les mineurs travaillaient lorsque la mine était en activité.

Les vagues au-dessus de nos têtes

Pour clore la visite, on file sous terre explorer les tunnels. De longs manteaux bordeaux ou bleus sont prêtés… Et pour cause, les sentiers sous-terrains sont également sous-marins ! Les mineurs entendaient le bruit des vagues au-dessus de leur tête et il n’était pas rare de recevoir de l’eau iodée au passage. Nous en fîmes les frais ! Autour de nous, la mer chante et se lamente. Au creux des tunnels, on peine à se tenir debout et notre corps frotte aux parois rocheuses… On imagine aisément le calvaire éprouvé par les mineurs -qui pouvaient rester 12h sous terre. Claustrophobes, s’abstenir.

Retour à la surface, des bacs d’eau trouble nous attendent. En bons chasseurs d’or, notre quête ne sera terminée qu’après avoir trouvé moult pierres précieuses ! Et bonne nouvelle : nous pouvons garder toutes ces jolies trouvailles. A Geevor, il y a également un musée qui retrace la vie des mineurs. Nous l’avons hélas loupé ! Pareil pour la salle « The Dry », manquée. (On a filé tout droit vers l’usine de tri au lieu de tourner à gauche, comme une bande de nulos.) J’aurais pourtant beaucoup aimé la voir : sur le site officiel, ils disent que c’est « l’une des expériences les plus évocatrices et les plus émouvantes de notre visite. On y découvre l’atmosphère du vestiaire laissé quasiment à l’identique par les mineurs lorsqu’ils quittèrent, pour la dernière fois, la mine en 1990 ».

CARN GALVER

Puis, alors que nous roulions, nous aperçûmes au bord de la route, une majestueuse ruine, intrigante et bien mystérieuse. Subjugués par ce vestige cornouaillais, nous décidâmes de nous arrêter. Nous ne savions, alors, pas ce que c’était… Après inspection de l’édifice par mon père, prise de clichés par moi-même et un footing matinal pour ma mère « Hé reviens maman, on repart ! », la connaissance apparu. Entre deux rafales de vent à décorner les bœufs, un « rocher-touristique » nous donna la réponse !

Nous sommes à Carn Galver. Devant nous, se dresse une vieille cheminée minière. Alors, à quoi servaient-elles ? Poussant comme des champignons, les cheminées permettaient d’aérer les mines. Vital ! Car les mines étaient très dangereuses : profondes et humides, elles renfermaient plusieurs gaz extrêmement toxiques, comme l’arsenic. C’est d’ailleurs à cause de ces conditions de travail désastreuses que beaucoup de mineurs ne dépassaient pas la trentaine ; « sont déjà vieux avant d’avoir été jeunes », disait-on d’eux à l’époque.

Les voisines sont vachement sympa.

SAINT IVES

A l’heure du déjeuner, nous nous arrêtons à Saint Ives : petit village en bord de mer, écrin de l’art contemporain aux ruelles sinueuses et aux rangées de maisons à flanc de colline. Il a inspiré quelques peintres et auteurs comme Turner et Virginia Woolf.

Et de trois ! Trois délicieux burgers accompagnés de frites maison engloutis ! Repus, nous admirons la vue depuis notre table, plongeante sur la mer. Elle était ce jour-là, à marré basse. Les badauds rejoignaient l’autre côté du rivage en traversant les eaux turquoise à pied, contournant ainsi bateaux et voiliers. Je vous conseille une balade sur le quai où se concentre toute l’animation de la ville avec ses cafés et restaurants. Plus loin, les galeries d’art se mélangent pêle-mêle aux boulangeries-confiseries.

Attention, dans le centre-ville, les rues sont hyper sinueuses et carrément étroites. Pour tourner, maniez-vous de patience : des manœuvres sont à prévoir. (Vous connaissez le demi-tour en trois temps ? St Ives vous propose celui en 7). Il y a plusieurs grands parkings, n’hésitez pas à vous y garer !

Où manger à St Ives

Balcony : 1 Bacon & Cheese Burger : £ 7,50 + Skinny Fries : £ 2.50. Très bon et une vue au top !

Que faire à St Ives

  • Visitez Tate St Ives, une galerie d’art à l’architecture bien singulière : asymétrique, elle s’élève en harmonieuse spirale. Tout en volupté et rondeur, ce magnifique édifice (1993) offre une belle vue sur la plage de sable de Porthmeor. Plusieurs expositions temporaires d’œuvres contemporaines issues de la Tate Modern de Londres y sont exposées (notamment Patrick Heron, un artiste local). £ 10,50 l’entrée, ouvert de 10h à 17h20, tous les jours.
  • Promenez-vous le long de la plage dorée de Porthminster Beach. Ne manquez pas le phare de Godrevy au boue de la jetée en pierre (visible sur ma 3ème photo, à droite). Il fut la source d’inspiration du célèbre roman de Virginia Woolf, To the Lighthouse.
  • Visitez le Musée Barbara Hepworth et déambulez au grès du vent dans le jardin de sculptures où toutes une ribambelles d’œuvres vous attendent. £ 6,60 l’entrée.

SAINT AGNES

« Bon, et maintenant on fait quoi entre Saint Ives et Boscastle ? C’est un long trajet. On coupe la poire en deux. Y a des villes chouettes à voir sur le chemin ? » Après délibération, lecture de notre guide et moult recherches internet… On fait route vers le petit village de Saint Agnes. Et bah même qu’on a super bien fait ! C’est vraiment très beau. D’ailleurs, ses falaises figurent parmi les plus impressionnantes de Cornouailles. Herbeuses et fleuries, elles surplombent une mer agitée où, entre vents et mouettes affamées, des surfeurs s’appliquent à dompter la vague. Les plages de Chapel Porth et Porthowan s’étirent à perte de vue en contrebas. Si vous préférez une ambiance rurale et pittoresque, Saint Agnes est une bonne alternative à sa voisine, Newquay.

Que faire à St Agnes

  • Des promenades côtières spectaculaires où paysages spectaculaires et reliques du passé jaillissent et ne manquez pas les vieilles cheminées des exploitations minières d’un autre temps…
  • Visitez le musée de St Agnes sur Penwinnick Road. Il présente des objets fascinants et regorge d’informations sur la paroisse. Ouvert tous les jours, du vendredi saint à la fin octobre. Gratuit.
  • Une baignade ? Explorez les quatre plages de sable : Trevaunance Cove Beach, Chapel Porth, Trevellas Porth et Porthtowan.

Où dormir à… Newquay

Très franchement, je vais vous donner le nom de l’hôtel mais sachez que je ne le recommande vraiment pas, il est carrément bof (« non, dis-leur que c’était horrible ! » – mes parents, qui ont passé la pire nuit du séjour, à base de voisins très… expressifs et endurants. D’ailleurs, petite anecdote cocasse, à la visite de ma chambre j’ai soufflé un « wow la chambre de nonne ! Un lit en bois et un bureau. » le strict nécessaire mais avec l’ambiance hyper vieillotte, ça m’a fait marrer. Mes parents auraient sans doute préféré cet extrême au leur. HAHAHA).

L’hôtel était clairement destiné à des groupes de touristes qui se déplacent en car, et en chaussettes/sandales. Zéro charme. Le seul bon point a été le personnel : on n’a pas pu manger car il était 20h et des patates (le resto la cantine fermait à 21h. En toute logique, on était déjà en retard. Bon après, rien ne nous donnait envie, c’était pas plus mal.) On a pris un verre (payant) au bar de l’hôtel et le réceptionniste (qui faisait visiblement barman à ses heures perdues) nous a ramené des chips (gratuitement ! On devait vraiment faire pitié). Ah, et le petit déjeuner n’était même pas compris dans le prix de la chambre.

The Kilbirnie Hotel : £ 78 chambre simple – £ 91 la double + £ 5 le petit déjeuner continental ou £ 9 le britannique. (Bien noté sur Booking, mais après chacun ses goûts) Ah, et ma chambre donnait sur un ancien hôtel touristique désaffecté, avec piscine à l’abandon, transats cassés et vitres brisées. Assez… Glauque.

JOUR 6 | de Newquay à Boscastle

64km – 1h09 de route

JARDIN JAPONAIS

The Japanese Garden se pare d’érables flamboyants, s’entoure de sentiers biscornus et parsemés de pas japonais ou de ponts en bois. On s’y promène avec une force tranquille, le bruit du clapotis de l’eau d’un côté et le mugissement des vaches de l’autre… ah, oui. Nous sommes bien dans les Cornouailles ! C’est loin d’être un véritable jardin japonais, entretenu de manière méthodique, parfaitement canalisé et structuré. Des herbes folles poussent de-ci de-là, des fleurs des champs ont élu domicile à l’ombre d’un pin sculpté en nuage cumulonimbus. C’est une rencontre entre deux nations. Un écrin de verdure aux airs légers et joyeux d’un jardin à l’anglaise. Belle visite, mais pas forcément à faire de toute urgence.

Où manger à… Padstow

Stein’s Fish & Chips : £ 10,95. On dit que c’est le meilleur F&C des Cornouailles. Et effectivement, il est délicieux. Vous pouvez choisir votre poisson et vos accompagnements « bonus ». Conseil d’ami : si vous pouvez prendre à emporter et manger dehors, faites-le !!! C’est exigu et très bruyant avec les enfants qui crient, hurlent, pètent un câble. Oui j’ai pas peur de taper du doigt. Je parle pas avec le dos de la cuillère, moi. Et en plus, le takeaway est moins cher.

PORT ISAAC

Un petit coup de cœur pour Port Isaac. C’est un village vraiment pittoresque avec ses charmantes ruelles bordées de cottages blanchis à la chaux. Depuis le port, vous pouvez voir les pêcheurs locaux débarquer leurs prises du jour : poissons, crabes ou homards, sous l’œil attentif d’Anatole, le chien (c’est un vrai, un qui bave et qui renifle. Et, oui, je l’avoue, je ne lui ai pas vraiment demandé son prénom. C’est moi qui l’ai surnommé comme ça). Le village de pêcheurs de Port Isaac est situé au creux d’un magnifique paysage accidenté et verdoyant. Tout petit, on fait le tour en facilement 45min, mais je le recommande vivement. Pour les cinéphiles et sérievores, Port Isaac est le décors du feuilleton Doc Martin, avec Martin Clunes ou sa version française avec Thierry Lhermitte.

Que faire à Port Isaac

  • Promenez-vous au sommet des falaises de Port Isaac à Port Gaverne, une marche de moins de 3 km.
  • Fan de Doc Martin ? Des visites guidées autour de la série sont régulièrement organisées.
  • Visitez les célèbres plages voisines de Polzeath et de Daymer Bay.
  • Promenez-vous dans les belles rues pavées et repérez les maisons de pêcheurs qui datent du 18ème siècle, la plupart sont classées comme patrimoine architectural et historique.

BOSCASTLE

S’il y a des esprits qui hantent le Sud de l’Angleterre, ils sont là. L’on raconte même que les sorcières peuplent toujours les environs. Porte du pandémonium ? Autrefois, dans le port de Boscaslte, les marins venaient acheter les bienfaits de la magie… On leur vendait du vent ! Comment ? Et bien, du haut d’une falaise, une sorcière capturait des rafales de brises et les enfermait dans une corde à nœuds. Rien d’étonnant donc à ce que que Boscaslte renferme le musée de la sorcellerie : Museum of Witchcraft. Un lieu dédié à toutes les femmes, qui, accusées d’être des sorcières, furent torturées à mort.

Les deux étages du musée (à l’intérieur d’une maison blanche traditionnelle) regroupent la plus grande collection au monde d’objets rituels de sorcellerie et présentent des expositions macabres. Enfin je dis ça, mais j’en sais rien car on n’a pas pu y aller. C’était fermé ! Mais si vous passez y faire un tour, dites-moi si ça donne des frissons !

Jusqu’en 1998, vous pouviez voir le squelette de Joan Wytte, une sorcière capable de voir l’avenir – comme Phoebe dans Charmed – morte emprisonnée à la prison de Bodmin, en 1813. « Il était temps qu’elle ait une sépulture décente, raconte l’ancien directeur du musée, Graham King. Nous l’avons enterrée avec respect dans une belle forêt des environs. » Les Cornouailles sont chargées de mythes et légendes. D’ailleurs, les habitants construisaient leurs maisons avec des trous pour que les pixies, des petits démons espiègles, puissent entrer et chasser le malheur.

Que faire à Boscaslte

  • En suivant le sentier sur votre gauche, vous arriverez à une entrée escarpée et rocheuse donnant sur une mer déchaînée. Dirigez-vous vers le belvédère, l’un des plus beaux points de vue d’où vous pourrez voir le littoral accidenté. Une grande partie des terres de Boscastle appartient au National Trust.
  • Découvrez un sentier qui vous ménera à la pointe Willapark, où vous pouvez voir une tour de guet côtière. A proximité se trouvent les ruines d’un château de pierre remontant à l’âge du fer.
  • Visitez le célèbre musée de la sorcellerie !

Où dormir à Boscastle

The Wellington Hotel : Deux chambres (une simple avec lit superposé + une double) dans une suite familiale : £ 115, petit déjeuner inclus. Aux côtés de Sa Majesté le Roi Édouard VII, Sir Henry Irving la duchesse de Sutherland et bien d’autres, ils peuvent enfin faire figurer la famille Thiodet sur la liste des invités d’honneur.

Par contre, grosse déception. Nous n’avons croisé aucun fantôme rôdant dans les couloirs de l’hôtel.

Où manger à Boscaslte

The Wellington Hotel : repas gastronomique à l’hôtel, très bon. Boscastle est d’ailleurs réputée pour son excellente cuisine. Vous pourrez satisfaire vos papilles gustatives avec de savoureuses spécialités traditionnelles cuisinées avec des produits locaux.

JOUR 7 | de Tintagel à Dartmouth (Devon)

135km – 2h06 de route

TINTAGEL

Ça y est, le bon vieux temps cornouaillais est enfin des nôtres ! Brume, vent et pluie fine… bref, tout ce qu’on aime. Ça ravigote ! C’est comme des milliers de petites aiguilles qui nous transpercent de bonheur. C’est donc emmitouflés d’une atmosphère fantasmagorique que nous revenons sur les terres du Roi Arthur. Je dis « revenir » car en allant sur Boscastle pour y dormir, nous avions sauté la petite ville de Tintagel.

D’ailleurs, toute la côte du littoral, de Boscastle jusqu’à Bude est magnifique. A côté d’une mer à l’écume bien trempée, les falaises dominent. Plus loin, dans la cambrousse, les vastes lopins de terre façon Charles Ingalls enchantent par leur beauté sauvage et naturelle. Herbes folles, fleurs en pagaille et herbivores sont de la partie.

Nous visitons le bureau de poste qui date du 19ème siècle où vivait le facteur et sa famille. Toit biscornu, murs en chaux et mobilier d’antan. Dès que l’on passe la porte, le passé ressurgit. On remonte paisiblement le temps dans cette charmante petite bicoque toute mignonne. Et bon sang, on se cogne la tête à toutes les embrasures. J’ai fait l’échelle avec ma main sur leur lit double. DOUBLE ! … Laisse moi rire.

Après, on a voulu continuer notre quête jusqu’au château du Roi Arthur, mais il était fermé pour rénovation. Dommage !

PRISON DE BODMIN

Continuons notre journée en mode bien glauque et allons découvrir Bodmin Jail. Tin-tin-tin-tiiin. La visite se passe dans la vraie prison et nous imaginons sans peine la vie des personnes détenues ici. L’ambiance est assez pesante. Il en faudra peu au personnes sensibles (je lève la main, ma mère aussi) pour ressentir, à travers ces énormes murs en pierre rongés par l’humidité et le froid, les esprits des prisonniers. Flippant comme ambiance ! Nous descendons sous terre et découvrons les différents étages. Au fur et à mesure de notre avancée, l’atmosphère se fait de plus en plus glaciale. De par les histoires contées mais également par le manque de chauffage ! Les prisonniers mourraient souvent des suites de maladies, rien d’étonnant vue les conditions épouvantables d’incarcération (peu d’hygiène, peu de nourriture, pas de confort). 

Je vais vous raconter les histoires glauques des habitants de ces lieux (enfin celles dont je me souviens).

  • Tout d’abord, commençons avec une arrestation pour le moins graveleuse : en pleine rue, une femme était en train de tricoter peinard sur une botte de foin. Mais lassée de cette rengaine, elle a préféré se servir de ses doigts dextres pour se faire plaisir intimement. Outrage à la pudeur, direct ! Sauf qu’à l’époque ça n’existait pas. Elle a alors été enfermée dans un sordide cachot.
  • Trois enfants à peine âgés de 12 ans on été emprisonnés pour avoir lancé des pièces de monnaie contre un mur… un dimanche. Jour on l’on ne doit pas s’amuser avec de l’argent. Bim ! Case prison, sans rejouer.
  • Une femme a été mise derrière les barreaux pour avoir volé du lait au pie d’une vache.
  • Tout un tas d’empoisonnements d’enfants et de maris (pour la plupart violents…).
  • Des meurtres, bien sûr. Plantage de couteau dans le dos de sa femme pour toucher l’assurance ; lançage de son fils infirme du haut d’un puits pour pouvoir se marier avec un jeune soldat (la demande venait de ce dernier, ne voulant pas de mioches dans ses pattes…)
  • Une « sorcière » souhaitait rester enfermée dans le noir complet la nuit et sans nourriture car les fées venaient la visiter.

Toutes ces histoires sont mises en scène par de vieilles statues de cire, style Musée Grevin. Ce qui rend l’atmosphère encore plus bizarre qu’elle ne l’est déjà. J’ai regardé par le judas où le geôlier plaçait, lui aussi, son œil pour surveiller le prisonnier. J’ai vite regretté, parcourue d’un frisson me chatouillant l’échine.

A part l’emprisonnement, les sentences étaient horribles par rapport au « crime » commis. Par exemple, pour un vol (allant du lait jusqu’à un mouton ou d’un fruit, par exemple), délit dit « mineur » et ce même à l’époque, le coupable écopait d’un sort atroce. Il était attaché et l’on faisait entrer un rat dans son ventre. Il souffrait pendant 15 minutes (la mort s’ensuivait généralement). Pour un délit majeur (le meurtre), c’était la peine capitale : la pendaison. Euh, là les mecs ont quand même dû se gourer dans le choix des sentences. Qui préfère se faire dévorer et souffrir pendant des minutes entières que de se faire pendre ? Allez, lâchez vos coms. D’ailleurs, la dernière pendaison publique effectuée dans la prison de Bodmin date de 1909. L’histoire du meurtrier est racontée et mise en scène à l’entrée.

Affiché à côté, un registre où l’on peut lire toutes les exécutions. On y voit la date, le nom du meurtrier, son âge, son crime et la date de sa pendaison. Ce qui m’a le plus frappé a été de voir les traces d’usure en-dessous de certains crimes… Les gens soulignaient, en montrant avec leur doigt, les mêmes meurtres : ceux qui les avaient le plus étonné (souvent c’était une pendaison pour avoir tué un enfant « bâtard » ou un vol de moutons).

La prison, fermée officiellement en 1927, est considérée comme la prison la plus hantée d’Angleterre. Elle attire de nombreuses émissions de télé axées sur le paranormal (sans trouvailles de véracité…). La prison-musée propose aussi plein d’événements : séances film d’horreur, visite des environs pénitenciers la nuit tombée, le tout accompagné par un médium « Les gens entendent pleurer la nuit et aperçoivent des ombres rôder… ». Et pour les plus tarés amoureux, vous pouvez même vous marier en ces lieux terrifiants.

DARTMOUTH (Devon)

Après Bodmin, on prend la route en direction de Plymouth, notre point de départ, car demain le ferry nous attend. On pousse jusqu’à la magnifique ville de Dartmouth. Il fait froid, il pleut et le vent aura raison de notre envie d’aventures. J’immortalise quelques clichés avant de remonter fissa en voiture. Même après une visite plus que furtive, Dartmouth mérite vraiment le détour. En tout cas, elle donne envie de revenir !

Où dormir à… Avonwick

Alors ce soir, pour trouver une chambre c’est la cata. Les prix dans le coin sont hyper chers et, à la dernière minute, plus grand chose n’est dispo. En plus, Dartmouth n’aide pas : la ville possède de minuscules allées : pas facile pour chercher en direct live depuis la voiture si un hôtel existe dans les environs (en plus des appli Booking, Airbnb…) et pour trouver une place de parking libre où se garer c’est mission impossible.

Commence alors notre Grande Quête du Graal. En même temps, c’était notre thème de ces derniers jours. Le destin nous mettait à l’épreuve. OK, tu veux jouer ? OK, on va bien galérer. Il pleut maintenant à grosses gouttes et le ciel s’assombrit gravement. On se prend tous la tête dans la voiture. Et puis, on décide de quitter Dartmouth pour se rapprocher de Plymouth et de trouver notre logement en chemin. Sur une petite route de campagne, mon père pile. Retourne sur ses pas. Une pancarte annonce « chambres à louer ». On bifurque… Et arrive dans une espèce de ferme chelou avec plus aucune indication. Marche arrière, demi-tour. On le sent pas. Plus loin, un hôtel. « Sorry, plus aucune chambre libre ce soir. » Il va bientôt être 21 heures et on ne sait toujours pas où dormir ce soir. Sur la route on ne croise plus âme qui vive. Des villages endormis. Même les chats se sont enfuis.

Et là, une grande affiche indique un joli restaurant qui fait aussi chambre d’hôte. On tourne et arrive sur un petit parking charmant rempli de quelques voitures. Tout de suite on s’y sent bien. Mais il est déjà tard et ça a l’air rempli. Je regarde, c’est un ancien moulin superbement rénové. « Mais c’est juste trop beau ici ! » 

Et bien je peux vous dire que c’est encore mieux à l’intérieur… Surtout leurs chambres !!! Je n’avais pas encore eu de coup de cœur pour nos hébergements, c’est maintenant chose faite. Tellement beau, on s’y sent comme à la maison, une maison de famille, à la campagne, avec une ancienne et riche bibliothèque, des livres empilés de manière éclectique, des grandes tablées, des coussins moelleux, des bougies, des fleurs coupées. Et je décris la salle du restau là ! Les chambres sont splendides. Et le lit. LE LIT MES AMIS. J’ai pu dormir dans tous les sens et jamais je n’ai dépassé ! Un lit king super size.

Bref, je recommande chaudement le Turtley Corn Mill : £70 : chambre « simple » – £110 : la double, petit déjeuner compris. Nous avons eu une réduction de dernière minute, les chambres sont normalement à £110 et £130 respectivement. Alors, oui finalement on a dormi dans un hôtel où les prix étaient élevés alors qu’on voulait justement l’éviter. Mais les étoiles étaient alignées pour que je puisse trouver ma chambre coup de cœur !

Où manger à Avonwick

Turtley Corn Mill : délicieux ! Repas où le plat principal tourne aux alentours de £15 et le dessert à £7. Ils ont accepté de nous recevoir à dîner alors qu’il était 21h. Des anges, je vous dis.

Et le petit déjeuner du matin, au top avec pour compagnie des paons !

Comment organiser un road trip en Cornouailles ?

Listez vos incontournables

Un road trip parfait n’existe pas. Pour organiser au mieux votre itinéraire, vous devez seulement prendre en compte la saison, votre budget et vos envies. Pour tracer votre parcours, listez VOS incontournables. Car les Cornouailles en possèdent pléthore ! Je vous en donne plein dans cet article et dans celui des Cornouailles du Sud. Une très bonne base pour définir et planifier votre feuille de route. Allez hop, en voiture Simone !

Définir votre budget

Voici les grosses dépenses à prévoir pour un séjour de 7 jours sur les routes cornouaillaises, prix pour 3 personnes.

  • Visites : £ 218
  • Logement : £ 959
  • Repas : £ 283
  • Parking : £ 25
  • Essence : £ 150
  • Budget total : £ 1635

Faire votre feuille de route : kilométrage/jour et durée

Tout ce qui est mentionné dans cet article a été testé au cours de notre road trip. Les indications de temps de route (km et durée) sont à titre indicatif et calculées d’après le site Michelin (la magie de se perdre ajoute des km au compteur…). Essayez de ne pas prévoir trop de temps en voiture, le but c’est de visiter pas de manger des km. En espérant que cela vous aide dans la préparation de votre road trip en Cornouailles !

Choix du parking

Vous pouvez trouver tous les parking sur ce site qui indique tous les prix.

Info pratiques pour un road trip en Cornouailles

  • Dans les Cornouailles on conduit à gauche. Mon père a dû se concentrer au début surtout pour prendre dans le bon sens les ronds-points et les sorties. Mais sinon, il s’y est fait rapidement.
  • Les limitations de vitesse sont en miles. Ça ne pose aucun problème si vous louez une voiture anglaise, son compteur sera lui aussi en miles. Mais avec une voiture patriotique (cocorico), bah faut faire la conversion ! À retenir : en ville, on roule à 30 miles par heure (48 km/h) ; sur la route, à 60 mph (97 km/h) et sur voie rapide/autoroute, à 70 mph (112 km/h).
  • Les autoroutes sont gratuites mais certains ponts vous taxent. Dans le sens Cornouailles -> Plymouth, le Tamar Bridge est payant. Et son passage est obligé pour sortir (et entrer) des Cornouailles et rejoindre le ferry, à Plymouth. Le prix par passage est de £ 1,50.

Carte détaillée du road trip entier

Explorez les Cornouailles du Sud avec nos précédentes aventures. Cliquez ici ! 

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5 commentaires

  1. Les photos sont magnifiques !! Heureusement que tout s’est bien fini pour vote voyage avec des logements non planifiés. Mon côté contrôle freak ne le supporterait pas.

    1. Merci beaucoup 🙂 C’est ça l’aventure héhé ! Bon, après je ne ferai pas des résa à la dernière minute partout, il y a des pays qui s’y prêtent mieux que d’autres.

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