Dolce vita aux Monts Euganéens : boire du vin entre Venise et Vérone

Je ne sais pas très bien comment j’en suis arrivée là, mais pendant que mon bain fait des bulles, je suis momifiée dans de la boue. Littéralement. À moitié nue, je sens la texture grasse et fluide embrasser toutes les parties de mon corps. Il doit faire une trentaine de degrés, ici ; une goute de sueur perle sur ma joue. Je ferme les yeux et profite de la chaleur ambiante. « Va tutto bene ? Is everything alright ? », me demande Paola. J’ouvre un œil et vois ma masseuse attitrée s’enquérir de mon bien-être, tout sourire, à côté de moi. « Sì, è perfetto, grazie ». Elle ramasse un peu de boue sur le haut de ma poitrine et vient y déposer un linge frais et humide.

Il est 10 heures passées et je teste le soin à la boue du « Grand Hôtel Trieste & Victoria », dans la région de la Vénétie. À l’instar de Juliette, me voilà fin prête à vivre la Dolce Vita en Italie. Mais cette fois, hors des sentiers battus et enivrée par les vignobles des Monts Euganéens. Pronto ! Je m’en vais arpenter la route des vins !

Arquà Petrarca

La route serpente entre les collines torsadées de Vénétie. Je vois défiler les cascades de raisin et mon imaginaire me berce d’odeur de pin, de soleil et de pâtes au pesto – accompagnées d’un verre de vino. Le moteur cesse. Nous sommes arrivés à Arquà Petrarca, l’un des plus jolis bourgs d’Italie. On prénomme également le village Paese di Vigilia, « Pays d’Eve », car il est parfait à qui souhaite s’abandonner à la béatitude, au ressourcement et au farniente. L’art de ne rien faire, et le faire parfaitement.

Poésie et parfum d’éternité

C’est ici, accroché aux flancs des Monts Euganéens, que le poète Francesco Petrarca (en français, Pétrarque) décida de passer les dernières années de sa vie. J’imagine aisément qu’il fut pris d’amour pour le vert des montagnes et les tons chauds de la pierre. Un parfum de Toscane et de Provence flotte dans les airs… Au travers des ruelles sinueuses, on découvre d’anciennes bâtisses de l’an 200 à l’an 600.

Incàlmo Ristorante

Toute cette cavalcade italienne m’aura ouvert l’appétit ! Pas très loin, à Este, se trouve Incàlmo, un restaurant gastronomique, ouvert en octobre 2021. L’équipe aime la cuisine dite nouvelle et prépare des plats savoureux en associant des saveurs jamais rencontrées ensemble auparavant ! Un « effet de surprise » au moment de la dégustation, donc. Parfait pour mon périple en Italie, hors des sentiers battus.

Menu à 8 plats

J’ai testé le Menu Il Bocciolo, à 8 plats. (Oui, oui, huit ! Plus six verres de vin, tous différents, en fin de repas. Hips). J’ai adoré le plat « Concombre, raifort » et le dessert « Caramel, amandes, fèves de tonka et violettes », ET LE PAIN, mes amis ! Il pane ! Totalement « fait maison », une tuerie (et ne me parlez même pas des gressins, idem !). Il y a beaucoup trop de points d’exclamation. Buon appetito !

Grand Hotel Trieste et Victoria *****

Il est l’heure d’aller reposer mon corps repu dans ma chambre de Duchesse de Bridgerton. Morphée me tend déjà ses bras lorsque, étendue en étoile de mer sur mon lit King Size, je remarque un tableau au mur. C’est Vénus et Cupidon. Je m’endors en souriant, j’ai le même corps moelleux qu’elle.

Le White Spa

Ce matin, j’ai rendez-vous avec la Dr. Hito. J’enfile mon maillot de bain, mon peignoir et mes chaussons, puis chaloupe vers le 1er étage, l’étage du « White Spa ». Je dois vous dire que marcher dans les couloirs d’un hôtel, avec pour seul habit : un peignoir, c’est tout un concept. Par chance, dans cet immense labyrinthe moquetté, je n’ai croisé personne ! Plus j’avance et plus le décor me fait penser à un décor de cinéma. On est entre le film The Shining et Gatsby le Magnifique, avec quelques notes de La Tour de la Terreur, pour la vue de l’extérieur. La cinéphile qui sommeille en moi ADORE.

Boue, brasse et beauté

Après mon rendez-vous, Dr. Hito me conseille un soin à la boue (celui du début pour ceux qui suivent). Mon « me time » se passe à merveille. S’ensuit une délassante brasse dans l’une des cinq piscines de l’hôtel, et un petit jacuzzi pour clore le chapitre en beauté. Il faut savoir que les Monts Euganéens est un ancien massif volcanique (volcans aujourd’hui éteints) très prisé, dès l’antiquité, pour ses sources thermales. Je remonte dans ma chambre, et sombre pour une sieste bien méritée. (Pardon pour les photos, j’ai joué les reporter en herbe avec mon smartphone – et toujours en peignoir. Je savoure chaque instant de ma paresse.)

Tapas & vino au domaine viticole de Ca’Lustra

En ce midi déjà bien grignoté, je découvre le vignoble biologique de Marco et Linda, Ca’Lustra – Zanovello. Après un tour du propriétaire dans leur cave où moult tonneaux et bouteilles vieillissent sagement, l’heure est à la dégustation ! Mes papilles flirtent avec un joli Pinot blanc « Olivetani » ainsi qu’un Muscat fleuri « A’Cienga ». Elles dansent lors d’une embrassade rafraîchissante avec un Merlot – Cabernet rosé « Rosato » et se damnent pour le vin blanc sucré « Fior d’Arancio Passito ». S’entrelacent dans mon palais, charcuteries et fromages sur leur lit de miel et confiture de figue. Amen.

Atelier « Este Ceramiche-Porcellane »

Pour dégriser, quoi de mieux qu’un atelier de céramique ? J’ai l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. L’air doux du printemps qui s’invite égaille mes neurones et canalise mes pensées. Les couleurs, la matière, la créativité… J’aime beaucoup l’ambiance ! « Este Ceramiche Porcellane », établie au XVIIIᵉ siècle, est l’une des plus anciennes fabriques de céramique d’Europe. Elle est située le long des remparts de la ville d’Este, et fait face au canal et à la magnifique Cathédrale et son dôme en brique rouge. Une Italie insolite, et charmante. Après la visite guidée, je pars dans le centre-ville et paresse en terrasse. À côté d’une immense fontaine, mon jus d’abricot à la saveur du paradis.

Luxardo, liqueur au petit-dej’

Au petit matin, nous explorons le nouveau Musée de la famille Luxardo. Une animation à 360° nous dévoile les secrets de fabrication, tout en poésie et fleurs de cerisier. Car oui, cette fabrique de liqueurs s’est fait connaître pour le goût inimitable de son alcool à la cerise. Testé après la visite guidée ! Personnellement, mon cœur (et mon foie) penche pour celui à l’amande. Plus doux et, étonnamment, moins sucré. Sinon, il y a le classique Spritz qui fait un malheur les soirs d’été. N’oublions pas la rondelle d’orange, et celles de saucisson. Il doit bien être l’heure de l’apéro quelque part dans le monde… (!)

La villa dei Vescovi

Entourée de collines volcaniques et verdoyantes, la villa dei Vescovi réveille votre âme romaine ! Des vignobles à perte de vue, des fleurs, des citronniers, le clocher qui sonne midi… À tout moment, je m’attends à voir débarquer Jules César, verre de vin et grappe de raisin en main ! J’imagine les grandes réceptions tenues ici ; drapée de voiles blancs, de bougies vacillantes, de fromages et de Prosecco, la maison de vacances de l’évêque de Padoue, Francesco Pisani (XVIᵉ siècle), devait ressembler au Mont Olympe. Bienvenue chez les Dieux ! Au fil des années, il l’a transformée en un lieu de rencontres intellectuelles ayant inspiré bon nombre de pensées et d’écrits déterminant pour la culture italienne.

Prenez un bouquin, profitez de la loggia ensoleillée et contemplez l’immensité. Tout commence avec Dame Nature, se poursuit au cœur de la villa, se confond : les peintures forment des trompe-l’œil avec la végétation environnante. Le paysage s’étire jusque dans la maison et pousse les murs pour étendre le regard et donner l’impression d’une vue sans contrainte, à 360°.

Merci à Strada del Vino Colli Euganei de m’avoir fait découvrir l’Italie hors des sentiers battus en suivant la route des vins sur les monts eugannéens !

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